Gestion des terres : rencontre avec Govinda Naidoo et Harris Runghen
Aujourd’hui, avec les différentes percées technologiques, les métiers de gestion de la terre sont totalement à la page. Ils combinent une multitude d’outils et de pratiques. Rencontre avec Harris Runghen, Head of Land Management et arpenteur de formation, et Govinda Naidoo, arpenteur chez Novaterra.
Comment se compose, en 2021, une équipe chargée de la gestion des terres ?
Harris : Notre équipe de Land Management est très variée et regroupe différents domaines. Certains sont localisés dans des bureaux, comme par exemple notre département GIS (Geographical Information System), celui des Permits and Regulations ou encore l’équipe de dessinateurs, d’autres sont exclusivement sur le terrain, comme l’équipe d’arpenteurs dont fait partie Govinda.
Govinda : Le travail d’arpenteur est un métier formidable. Nous sommes amenés à découvrir, à mesurer et à faire l’arpentage de coins insoupçonnés de l’île. Nous étudions les terrains sélectionnés et les délimitons. Nous avons une maquette et notre travail consiste à donner vie à celle-ci tout en nous assurant que le développement envisagé soit bien contenu dans l’espace qui lui a été alloué et qu’il n’empiète pas sur d’autres terrains.
Harris : Les données ainsi obtenues par nos arpenteurs sont alors relayées aux équipes de bureaux et notamment à celles des dessinateurs, qui finaliseront les plans ainsi obtenus. Ceux-ci seront ensuite envoyés à la section GIS qui insérera les informations pertinentes dans notre base de données. Cette dernière compile alors tout le patrimoine ainsi relevé et le met sur une plateforme, ce qui nous permet d’avoir un accès plus rapide à toutes ces informations. Ces dernières, qui ont été validées par le management et ne concernent que les terrains que l’on veut vendre ou développer, peuvent aller de la superficie du terrain choisi à l’identification des terrains marqués autour. C’est un outil précieux qui nous permet de mieux canaliser nos ressources. Il nous permet aussi de parfaire les évaluations des biens immobiliers de la compagnie.
Le métier d’arpenteur s’est aussi très bien adapté à l’évolution technologique. Aujourd’hui, c’est quoi être arpenteur ?
Govinda : Notre tâche reste la même : faire des recherches sur la propriété des terrains avoisinants, compiler les abornements, mesurer et arpenter les terres, en faire des relevés pour ensuite les délimiter et préparer un plan cadastral du terrain concerné. Si notre travail se concentrait auparavant sur des équipements de base tels que les mètres rubans ou encore les tiges de télémétrie (jalons) pour les mesures, avant de basculer sur des équipements optiques. Nous nous sommes adaptés aux évolutions technologiques, notamment avec l’introduction de la technologie des stations totales en 2010 et le GPS en 2015 sous l’égide de Sagiterra, l’une des filières du groupe Terra qui s’occupait de l’arpentage. Le GPS est un outil particulièrement utile car il utilise les signaux satellites pour avoir le positionnement d’un point précis.
Aujourd’hui, le nombre grandissant de satellites augmente de façon spectaculaire la capacité et la précision de l’appareil. Les licences pour l’utilisation des signaux GPS sont déjà incluses dans le prix d’un appareil GPS, sauf pour certains signaux qui sont payants à l’abonnement.
Harris : Nous possédons une banque de satellites gratuits qui offrent ce genre de services. De nouveaux satellites, payants, sont venus s’ajouter à cette banque déjà considérable. Ils permettent, eux aussi, de rendre nos relevés encore plus précis, selon leur position – s’ils sont suffisamment éparpillés ou non. Nous possédons à Maurice un Geoid model qui est utilisé dans l’hémisphère sud et qui a été spécialement travaillé pour avoir des corrections par rapport aux hauteurs mesurées. Lorsque l’on achète un appareil topographique, le vendeur installe ce Geoid model. Les différents points et bases GPS sont calculés par le Ministère du Logement et du Land Use Planning et mis en ligne sur une plateforme utilisée par tous les arpenteurs, ce qui nous permet d’avoir des informations continuellement mises à jour.
Govinda : Nous utilisons aussi d’autres appareils de pointe pour avoir de meilleurs visuels. C’est le cas des drones, qui nous permettent de facilement voir les différentes caractéristiques d’un terrain, à travers la production d’orthophotos (des plans corrigés avec des photos) et les DEM (Digital Elevation Models, soit des modèles en 3D d’un terrain).
Quels sont les plus grands défis que rencontrent vos équipes ?
Govinda : Pour les arpenteurs, la condition reste de se former en permanence. Même si les modèles que nous avons appris à l’université ont été supplantés par l’avènement de nouveaux outils technologiques, il reste tout de même essentiel d’avoir cette base pour mieux avancer. L’un des plus grands défis du métier d’arpenteur, en particulier pour les nouvelles recrues, est de suivre le rythme effréné de ces évolutions technologiques. Il est primordial de comprendre comment cela marche pour l’utiliser de manière optimale, mais aussi pour identifier les sources d’erreurs.
Harris : L’adaptation à l’évolution technologique nous offre une économie magistrale en termes de ressources et de temps. Car notre travail est exigeant et prend du temps. Nous avons toute une équipe qui met la main à la pâte pour un seul objectif : la préservation et l’utilisation à bon escient du patrimoine de terrain, que ce soit pour des développements ou tout simplement pour l’agriculture. Nous sommes, en quelque sorte, les gardiens du patrimoine de Terra et nous veillons au grain pour que toutes les opérations se passent au mieux.